Aloys Les landes endormies

Edmée de Xhavée nous fait découvrir "Les landes endormies" d'Yves Oliver

Publié le 8 décembre 2016 par christine brunet /aloys

 


 

J’ai lu « Les landes endormies » d’Yves Oliver – Edmée De Xhavée


 

Embarquement pour le fantastique subtil du monde d’Yves Oliver. Non, pas le fantastique des studios Disney mais bien le tendre et dangereux fantastique des brouillards, de la mousse des bois, des illusions des rêves et souhaits, des guides invisibles aux formes pourtant mouvantes et aux humeurs qu’on ne sait apprivoiser… De la peur que l’on sait devoir affronter et que l’on redoute.

Sept nouvelles, sept promenades poétiques et intimes, sept rencontres insolites avec le monde de ce que nous ne connaissons pas de nous-mêmes.

J’ai été surprise et parfois très émue de certaines phrases ou descriptions inattendues et qui trouvent pourtant exactement la place qui est la leur dans l’imaginaire du lecteur qui est enveloppé par la beauté de ces images :

Le vent passait dans les branches, son carillon s’alliant aux grincements des écorces les unes contre les autres.

Du bout d’un doigt je touchais la mousse sur le tronc d’un vieux chêne : le flux et reflux des marées se firent entendre dans le lointain. Je fermai les yeux : les légendes de l’histoire m’apparurent.

Dans les celliers des manoirs, les rats arrêtèrent leur course folle. L’eau des océans se mit à bouillonner, comme poussée par un formidable souffle venu des abysses.

Sur le mur de la maison, d’étranges fleurs se sont mises à pousser, exhalant le parfum, âcre et capiteux, du Royaume des Morts. A une distance proche, une rivière s’est remise à couler et, dans l’éclair d’un clignement de paupières, des rêves se sont perdus.

Il y avait des servantes aimables aux sourires de nénuphar. Les parents paisibles ne connaissaient pas la douleur.

Le brouillard, vicieux comme un loup humant sa proie, avait pris possession du front de mer ! Il était venu rapidement, se frayant un chemin dans les méandres de la nuit, sa complice.

Ce petit livre de 89 pages contient toute cette magique poésie, ces arrêts sur image d’un monde souvent menaçant, imprévisible, fort et mortel, dans un décor aux effrayantes beautés. Envoûtantes beautés. La mouvance des temps, de la réalité et de ses racines oniriques. Le cauchemar n’est jamais loin… l’engloutissement, le retour au néant. Le fantastique ici est bien celui que la nature nous sussurait dans l’enfance, avec ses troncs moussus et tordus comme des suppliciés, les pierres aux formes de légendes, le vent et les brumes, le bruit de la mer même loin de ses rives… Le battement du cœur de la vieille terre qui ne vieillit pas….